DE NOS JOURS
Un rythme, une défilée de sons.
Causent-ils la mélancolie ? Retour superbe dans le temps.
Sur mes jours de jadis, je redeviens
la petite fille que j’étais. Hé, garçons,
entrez
vous aussi dans le cône de lumière du rêve !
Un rythme heureux,
un enchantement
avant la mort.
Intense et tragique,
souriant et blessé.
Il m’est égale s’il ne m’aime pas.
Il m’est égale si les feuilles jaunes sont aujourd’hui
du frimas perdu.
Si tout n’est qu’une chute accompagnée de silence.
Et le castor ronge les souches, sans hâte.
Le monde
tant qu’il est
tourne sa roue futile
et entend
l’invitation finale.
D’UN BRIQUET IMAGINAIRE
Autant que nous sommes des illusions
Autant que nous parcourons des temps abrégés
Marqués par des états lents de serpent…
Autant que notre lumière intérieure
Est sur le point de naître
D’un briquet imaginaire
Autant qu’on rie comme des enfants
Entraînés dans un jeu prolongé.
Autant qu’on se permet de gaspiller
Des mois, des années… deux richards inconscients
Trouvés sur un couloir de la mémoire.
Autant qu’on se lutte pour des causes générales
Autant qu’on vainc, autant qu’on gaspille.
Brève rencontre
Tu m’as emmené dans une histoire vraie
et tragique. La vie, la mort, le souffle galactique
dans la nuque, la buée du soir par-dessus le lac, je les ignorais.
Les gens, les voix de la nuit
les coutumes sociales. Tellement dense, presque tangible
l’espionnage de l’âme rajeunie.
Dans un jardin fleuri. Des pétunias,
des caille-lait jaunes dorées, des branches douces, des feuilles fraîches
d’une fête qu’on n’a pas goûtée. J’avais déjà accepté
le miel amer de l’histoire. L’ombre de l’autre,
insolite et magique, veillait sur une rive.
Et entre nous, les années vécues
Faibles, fantomatiques.
UN NOUVEAUZ NOVEMBRE
En souvenir de Gabriela Negreanu
Tu souris ? Un saxophone chante un nouveau novembre.
Gabrielle est au ciel. La lumière de la lune domine la pluie.
Au-dessus les nuages hypocrites .Nos paroles
maladroites.
Quel bonheur. Le monde, quelque part,
enivrant, dans une vie
irresponsable, irascible, colorée.
Tout n’est que des lambeaux, des lambeaux.
Cette fois-ci découpés des revues colorées
De l’ancien grenier, de la mélancolie d’adolescence.
Que je te parle de l’école, près du feu
Des mots répétitifs, illusoires…
Jouis de l’instant même où tu souffres !
La poésie, dépourvue de sens pour toi
émerge grâce à toi.
Tu existes de vrai.
Ton histoire est incompréhensible. En détaillant
le sens cynique de la vie
tu causes de la vie fougueuse…
Une seconde infinie, hautaine.
La rosée du demain
ne nous trouvera pas ensemble.
La vague douce du lac
Ne nous pressentira point et
on ne partagera rien de tout .
Ni le ciel, ni les étoiles filantes
aux lumières mystérieuses et solitaires
qui cherchent quelque chose assurément.
Jouis de la vie ! Une voix morte
crie dans mes oreilles. Jouis-en !
Jouis de l’instant même où tu souffres ! Cette
souffrance est divine, merveilleuse, incomparable…
Moi, je suis mort et perdu, une âme errante,
et toi, autant que possible, souffre…
Exercice de communication
Et maintenant, vis, si tu peux ! Si tu le peux encore,
-c’est ce que tu semble me dire…
Peut-être que tu ne veuilles rien me dire
peut-être que je ne sois même pas
( un exercice de communication, aléatoire)
… quand les feuilles du faux sycomore auraient été rouges, tombées
aux pieds des statues abandonnées
mon âme cherchera l’apaisement
ma voix embrassera de nouveau l’habitude. Accent et voyelle…
tu seras bien loin, exerçant
ta lumière unique dans une aquarelle du nord. Le monde
continuera, confus, illogique, manié, le monde…
mais que m’importe le monde quand j’amène
semée dans mon ventre
ta lumière unique
CLEOPATRA LORINTIU